Enjeux et objectifs de l’étude

Santé publique France est l’agence nationale de santé publique créée en mai 2016 par ordonnance et décret. Santé publique France est un établissement public administratif sous tutelle du ministère chargé de la Santé. Ses missions sont d’améliorer et protéger la santé des populations. Elles s'articulent autour de trois axes majeurs : anticiper, comprendre et agir.

C’est une étude de biosurveillance. La biosurveillance est la mesure des niveaux de concentration dans l’organisme (ou imprégnation) de substances chimiques et de polluants présents dans l’alimentation, les objets du quotidien, l’air, les sols ou encore les eaux.

La biosurveillance humaine permet de surveiller les expositions entraînant la présence de ces substances chimiques dans l’organisme. Elle consiste à doser, c’est-à-dire mesurer les substances recherchées dans des prélèvements sanguins ou urinaires. La mesure prend en compte toutes les sources d’exposition qui pénètrent dans le corps (à travers la respiration, l’alimentation, …), sur tous les lieux de vie (domicile, travail…) et selon nos activités ou la nature des produits consommés.

En 2013, la première étude Kannari a montré que le chlordécone était détecté chez plus de 9 Antillais sur 10. Kannari 2 doit permettre d’étudier l’évolution de cette exposition 10 ans après. Kannari 2 s’intéressera aussi à d’autres polluants présents dans l’eau, les sols, les aliments ou encore certains produits de la vie courante.

Les polluants mesurés permettront d'avoir une vision très large des différentes pollutions auxquelles est exposée la population des Antilles :
  • certains ont déjà été mesurés lors de l’étude Kannari de 2013 : le lindane, les PCB et l’hexa-cyclo-benzène ;
  • d’autres vont être mesurés pour la première fois : le glyphosate, les métabolites des pyréthrinoïdes et plusieurs métaux lourds (plomb, arsenic, mercure).

Ils ont tous potentiellement un impact sur la santé des enfants et des adultes. Leur choix s'est fait en concertation avec les experts locaux dans le cadre du comité d'appui local de l'étude. Il a aussi été soumis à l’avis du conseil scientifique du Programme National de Biosurveillance, piloté par Santé publique France.

Voir aussi la question : « Comment est garantie la qualité scientifique de l'étude ? ».
L’enquête Kannari 2 a 4 objectifs :
  • Étudier l’imprégnation des habitants par le chlordécone notamment chez les plus jeunes ;
  • Étudier l’imprégnation des habitants par d’autres polluants en particulier les pesticides et les métaux lourds ;
  • Étudier l’évolution de l’imprégnation depuis l’enquête Kannari de 2013 ;
  • Étudier l’influence des conditions de travail, des lieux de vie, des habitudes alimentaires, … sur le niveau d’imprégnation.

L’ensemble des adultes et des enfants de 6 ans et plus sont concernés. 3000 personnes résidant depuis au moins 6 mois en Guadeloupe continentale ou en Martinique, seront tirées au sort.

Une attention particulière sera portée sur les femmes en âge d’avoir des enfants (15-49 ans), les travailleurs agricoles, les pêcheurs et les personnes habitant en zones contaminées.

Menée à l’échelle d’une population, la biosurveillance humaine permet :
  • d’évaluer le degré d’exposition de cette population aux substances chimiques ;
  • de fournir aux acteurs de santé publique les informations relatives à l’exposition des populations aux substances chimiques, leurs sources et les voies d’exposition prédominantes.

Répétée dans le temps, la biosurveillance contribue à évaluer l’impact des politiques publiques visant à réguler la présence de substances chimiques. C’est un outil précieux permettant de proposer des solutions pour réduire l’exposition de la population aux substances chimiques.

Les résultats de Kannari 2 permettront d’identifier les sources qui contribuent le plus à ces expositions et de proposer des recommandations permettant de les limiter.

Sur le plan individuel, Kannari 2 permettra à chaque participant de connaître son état nutritionnel et sa pression artérielle. En fonction, il sera proposé aux participants de consulter un professionnel de santé (médecin traitant et/ou un nutritionniste) pour un suivi adapté.

Nous enverrons les résultats à chaque participant qui le souhaite (adultes, parents ou représentants légaux des enfants mineurs). Ces résultats indiqueront :
  • si les pesticides et métaux recherchés sont présents dans les échantillons, et si oui, à quels niveaux de concentration ;
  • les valeurs pour l’ensemble des participants à Kannari 2, pour comparer les résultats.

Si les participants présentent une chlordéconémie élevée, nous les contacterons pour les orienter vers les dispositifs d’accompagnement mis en place par les Agences Régionales de Santé (ARS) et visant à adopter les bons gestes pour réduire les risques de contamination.

En cas de plombémie élevée chez un enfant, nous informerons l’Agence Régionale de Santé (ARS) pour faire une enquête environnementale approfondie afin de trouver la source d’intoxication et supprimer l’exposition conformément aux dispositions prévues dans le Code de Santé Publique.

Santé publique France s’appuie sur 2 comités scientifiques :
  • un comité d’appui local en charge de préciser les objectifs, le cadre méthodologique et la synergie avec les études existantes. Il est composé d’experts locaux dans le champ de la toxicologie, des sciences sociales, de l’épidémiologie, de la santé environnementale, de l’éducation en santé et de la médecine ;

  • le conseil scientifique du Programme National de Biosurveillance animé par Santé publique France. Il est composé de personnalités qualifiées au niveau national et international et reconnues pour leur compétence en santé publique et en santé-environnement : épidémiologie, biostatistique, chimie, expositions environnementales ou encore toxicologie. Il est consulté afin de donner son avis sur la cohérence et la pertinence scientifiques du protocole d’étude.